Une Bonne Année à tous
Une Bonne Année à tous…
La mienne commence à merveille. Je parle de mon année professionnelle bien sur.
Reprise du travail le 07 janvier et déjà, je me suis retrouvé bloqué par la neige une semaine plus tard. Bloqué 3h dans un bouchon sur l’autoroute alors que je cherchais un parking ou faire ma coupure pour la nuit. Du coup 16h20 de travail, au lieu des 15 tolérées par la loi, ce qui va me valoir une explication policière la semaine suivante, mais j’y reviendrais plus loin.
Au bout de 3h de galère, je trouve enfin un parking et bien entendu, il est rempli de camions, tous garés comme ils ont pu. N’étant pas plus malin qu’eux, je me retrouve à mon tour stationné dans une situation disons, quelque peu non académique.
Je sors du camion et discute alors avec mes 2 voisins du soir. Comme moi, ils se demandent comment ils vont réussir à repartir le lendemain. Un chose est certaine, ca s’annonce compliqué !!!
Une nuit de sommeil plus tard, nous nous attelons tous 3 à la tâche et encore une fois, tout le monde n’est pas égal devant la galère. Mon voisin de droite sort du premier coup et je me prend alors à rêver d’arriver à faire la même chose… Mon voisin de gauche sort à son tour, non sans mal, mais malgré tout en moins de 15minutes, une prouesse lorsque l’on connait la difficulté à manœuvrer un 44T sous la neige. Voilà, c’est mon tour.
3h plus tard, c’est bon je suis sorti !!! Sous un tonnerre de klaxons des camions, dont les chauffeurs rassemblés à 2 ou 3 par véhicules, me regardaient galérer depuis le début et qui me félicitent donc, de m’en être enfin sorti. Même si j’avoue qu’en voulant faire une mini OLA dans mon camion en passant devant eux, j’ai bien failli me rembourber…
Bien sur la neige réserve également beaucoup de problèmes sur les routes, mais je pense pouvoir meubler sur un article entier, rien qu’avec des anecdotes vécues durant mes 12 hivers passés sur la route.
Cette article va plutôt parler de ma reprise. Parce que, cette histoire là, n’est pas la plus… disons particulière, que j’ai vécu depuis 3 semaines que j’ai repris la route.
La semaine dernière, je suis attendu à Gex (01) dès le lundi matin 8h sur un chantier. Partant de Metz (57), je décole donc le dimanche soir de chez moi à 23h et de mon dépôt à 0h. Sous un déluge de neige, naturellement. Je décide donc de prendre l’autoroute payante de Nancy (54) jusque Poligny (39) afin d’éviter les pièges de la neige. Malheureusement, pour rejoindre Gex, une seule solution, la RN5. Cette nationale, qui permet aux frontaliers français d’aller travailler tout les jours en Suisse. Juste avant d’arriver à destination, il y a un col à franchir, le col de la Faucille (un peu + de 1300m) et bien sur il n’est pas dégagé. Alors, avec un camion articulé, chargé de moins d’une tonne de ferraille, cela ressemble au Trophée Andros pour les amateurs de sport automobile. Mais moi, à la différence d’Alain Prost, je ne dispose pas de pneus clous !!!
Arrivé sur place à 7h50. j'appelle mon client à 8h30 car il n'est toujours pas là. il me réponds que je n'étais attendu que mardi matin… J'ai l'habitude donc je reste zen, malgré tout, il arrive à 10h et nous déchargeons 1T de matériel de bardage à la main, histoire de nous réchauffer diront nous.
Le reste de la journée est banale. Un deuxième client livré sur Lyon à 14h puis coupure entre Lyon (69) et Grenoble (38), où se trouve mon 3ème et dernier client et le lieu de ma nouvelle galère.
Mardi matin, je démarre tranquillement à 6h pour aller décharger une palette au Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble. A 9h je suis vide et j’attends du travail jusque 10h30.
A 10h30, coup de fil de mon chef, il y a un rechargement sur Lyon. C’est parti, je prend la nationale jusque Colombe et regagne l’autoroute à cet endroit. Au moment de franchir la barrière de péage, je vois un gendarme courir vers moi pour me contrôler. Aucun soucis puisque je respecte la législation.
Il me gare sur le coté et commence son travail. 10 minutes se passent puis il revient vers moi. Il est 11h en ce mardi et je ne repartirais pas d’ici avant mercredi 15h !!!
« Votre licence communautaire (document européen obligatoire pour effectuer du transport de marchandises et renouvelable tous les ans) n’est plus valable » me dit-il. Je lui réponds qu’avec les fêtes de fin d’année mon patron a probablement du oublier de remettre la nouvelle licence dans le camion.
Il sourit et me répond : « Vous connaissez le tarif ? C’est 1500€ d’amende !!! » Alors, je commence à comprendre que la journée s’annonce mal… De plus il tente de me mettre 135€ pour mon dépassement du mardi précedent, vous vous souvenez, celui où je suis resté bloqué par la neige... Voyant ma bonne foi, il laisse tomber cette amende pour se concentrer sur la plus grosse... ben voyons...
Revenons en à ces 1500€. Comme je m'y attendais, cela a été assez compliqué. Tout d’abord, voyant que l’Adjudant était fan de Rallye et de Citroën, je lui ai offert les derniers posters dédicacés de Sébastien Loeb ainsi le dernier badge qui me restait de mon époque WRC en échange d’une réduction de peine de 50%. L’amende chute du coup à 750€. Reste à trouver la solution pour payer. N’ayant pas de carte de crédit de la société, 2 options s’offrent à moi : avancer l’argent et attendre un mandat cash.
Direction une agence de ma banque, qui se trouve à 2km de là, et après un coup de fil à ma directrice d’agence, impossible de payer moi-même. Et comme mon patron ne veux pas payer le mandat cash, nous sommes dans une impasse. Le gendarme est choqué de voir que je ne suis pas en mesure de payer rapidement. Il me dit que la plupart des camions qu'il arrete ont une carte de payement (DKV ou autres) propre à l'entreprise. Je lui répond que nous ne sommes pas équipés de ce type de moyen parceque nous ne sommes pas habitués à payer des amendes vu que nous respectons du mieux possible la législation.
Finalement, mon patron optera pour me faire descendre un chèque par un collègue en semi remorque. Ma situation se débloque donc le mercredi à 15h, soit 28h après mon contrôle !!!
Aujourd'hui, je suis persuadé que ce gendarme regrette de m’avoir contrôlé car il a vu dans quelle situation il m’a mise. Je n’ai aucune rancune envers lui, biensur, il n’a fait que son travail et à même était plutôt sympa avec moi durant ces 28h. Il m’a offert le café le plus cher de ma vie, 750€ la tasse, je l’ai savouré durant de longues minutes. Il m'a autoriser à décrcher ma remorque sur son parking pour utiliser le tracteur afin de faire quelques courses et d'aller manger au restaurant si le coeur m'en disait.
28h sur un parking sans toilettes ou autres commodités… Pour certains cela aurait été une épreuve, pour moi c’est une anecdote de plus à raconter. Et après, on me traite de roumain quand on voit l’équipement que je prend avec moi sur la route, 1 bidon de 15L d’eau pour me débarbouiller le matin et le soir mais aussi pour faire ma vaisselle, 1 frigo avec 15 jours de nourriture, réchaud à gaz pour me cuisiner de bon petits plats, ordinateur connecté à internet, etc… Récemment j’ai même « investi » dans une douche de voyage, 5€ qui m’ont sauvé la vie l’année dernière sur Angers, mais ca, c’est une autre histoire…
Voilà, je suis de retour et je vais essayer de travailler mon assiduité à poster de petites histoires et anecdotes de ma vie de routier moderne, comme cette nuit du jeudi 17 janvier 2013 passée devant une vieille batisse abandonée et transformée en squat...
En vous souhaitant à tous, une très bonne année 2013 !!!
