Un jour sans fin
Sur la route, il est fréquent que je repousse les limites de la fatigue, parfois même à l’extrême… C’est comme ca que je me suis retrouvé à rester éveillé 60h consécutives à cause de mon travail. On est en été, mes patrons sont à Las Vegas pour voir le concert de Céline Dion. Leurs 2 fils s’occupent donc de la société, l’un étant à Metz, l’autre au dépôt italien dans la région d’Alessandria, au sud de Turin.
Un mercredi, j’arrive au dépôt de Novi Ligure et J. le fils cadet me donne une remorque pour remonter à Metz. Je roule jusque Chambéry et y fait ma coupure. Je repars jeudi à 8h et ne vais plus dormir jusque dimanche matin !!! Arrivé à Metz jeudi soir, F. le fils ainé me dit que je vais redescendre en Italie vendredi et donc rentrer samedi après midi. Impossible, je déménage samedi et j’ai déjà réservé la camionnette 
Pas le choix, je suis obligé de le faire. Le jeudi soir, alors que je vais me coucher, j’entends mes beaux parents râler après ma femme car ils ont tout prévu pour ce déménagement. Ils ont toujours tout fait pour nous et à cause de mon boulot je les mettaient dans une situation délicate. Alors j’appelle F. et lui dit de me préparer une attestation de retour de congés qui va me permettre de rendre tous mes disques de la semaine et concrètement faire comme si ma semaine commençait ce jeudi soir…
J’amène mon épouse avec moi pour me tenir compagnie, il est 22h et c’est parti pour une nuit de route. 1h plus tard, elle dort paisiblement et moi je n’ai pas le choix, il faut rouler… Nous arrivons à Turin le vendredi vers 9h et je suis tout heureux de retrouver ma couchette. Mais voilà, ma passagère a rêvé 9h, il fait chaud et elle n’arrive plus à dormir. Du coup, on se retrouve au resto à boire un café, puis un second, puis on s’installe pour déjeuner, puis encore un café et un autre.
Une glace plus tard, mon collègue italien me dépose la remorque pour remonter. Il n’est que 15h et je doit attendre 18h, la fin de ma coupure de 9h pour repartir. Non, impossible d’attendre, j’avance donc l’horloge de mon chronotachygraphe de façon à ce que celui-ci affiche 18h et j’enclenche la 1ère. C’est parti pour 10h de route… A 19h, heure réelle, nous nous arrêtons manger un bout. Une fois reparti, je suis de nouveau seul pour affronter la nuit qui tombe.
A 9h, samedi, je suis de retour à mon dépôt de Metz et mon beau père s’impatiente déjà. Je suis « un peu » fatigué et une belle journée d’été pointe le bout de son nez. Une belle journée d’été à déménager !!! Nous terminons le déménagement vers 22h, buvons un coup avec les âmes charitables qui nous ont aidé ce jour là et je retrouve ma couette vers 1h le dimanche matin !!! Un peu de repos avant de reprendre la route le soir même direction l’Italie…
En 60h, j’ai du m’assoupir 2 ou 3 fois 15minutes lors de mes arrêts obligatoires. Je me rappelle m’être endormi sur 1 parking derrière un autre camion, le nez sur le volant et m’être réveillé en sursaut en mettant les 2 pieds sur les freins quand ce dernier à allumé ses feux stop en redémarrant !!! Des frayeurs comme celle là, j’en ai eu pendant mes 12 années sur la route, mais celle-ci m’a le plus traumatisé 
Et voilà comment on peux se retrouver 60h sans dormir à une époque où le Red Bull n’existait pas…
